Tous les hommes sans exception ont été créés pour adorer Allah, pour construire le monde, et succéder aux autres générations comme présenté par Allah dans le précédent verset. Il a mis la distinction et la différence entre les gens dans la répartition des richesses, les comportements, les beautés et défauts, les allures, les formes et les couleurs et non dans l’essence de la création, comme l’explique Allah dans le verset suivant :

« C’est Nous qui avons réparti entre eux leur subsistance dans la vie présente et qui les avons élevés en grades les uns sur les autres, afin que les uns prennent les autres à leur service » . ( 43 AZ-Zukhrouf 32. )

Conformément à cette égalité reconnue par l’islam, tous les hommes sans exception sont égaux sur les points suivants :

  • La protection des droits légitimes de chaque individu, indépendamment de son sexe, sa race, ou sa couleur.
    Cela permet également à l’être humain de jouir d’une liberté régie par les normes de la religion, qui n’est donc plus une liberté bestiale absolue dont le monde civilisé d’aujourd'hui est en train de goûter les fruits amers. En effet, ce genre de liberté bestiale a façonné des sociétés humaines dont la décadence est imminente et incontournable, parce qu’elles sont constituées d’individus dont la plupart ne connaissent pas leurs pères et ce en raison de la propagation des vices ; ajoutons a cela les prisons qui pullulent de détenus coupables de crimes de mœurs, de détournement de fonds, de crimes financiers, de graves atteintes à l’ordre social, etc. Le Prophète s a dit : « Les gens sont égaux comme les dents d’un peigne ».

  • Les hommes sont tous égaux devant les lois de la religion, il n’y a donc pas de distinction à cause du sexe, de la race ou de la couleur.
    Allah le Très-haut dit : « Certes, Allah vous commande de rendre les dépôts à leurs ayants droit, et quand vous jugez entre des gens, de juger avec équité. Quelle bonne exhortation qu’Allah vous fait ! Allah est, en vérité, Celui qui entend et qui voit tout.» ( 4 An-Nissâ 58. )

    Le messager d’Allah s a dit : « Ô hommes, ceux qui vous ont précédés n’ont été anéantis que parce que lorsqu’un noble parmi eux volaient, ils le laissaient impunis et lorsqu’un faible volait, ils lui appliquaient la peine criminelle [prévue]. J’en jure par Allah que si Fatima fille de Muhammad volait je lui ferais couper la main » . ( Rapporté par Mouslim. )

  • Nous sommes tous égaux devant la responsabilité, la rétribution et la récompense.
    Allah le Très-haut dit : « Quiconque fait un bien fût-ce du poids d’un atome, le verra ; et quiconque fait un mal fût-ce du poids d’un atome, le verra» ( 99 Az-Zalzalah 7, 8. )

  • Nous sommes également égaux du point de vue du respect de la dignité humaine, on ne doit nuire à personne à cause de sa couleur, son sexe, sa doctrine ou sa croyance.
    Allah le Très-haut dit : «N’injuriez pas ceux qu’ils invoquent, en dehors d’Allah, car par agressivité, ils injurieraient Allah, dans leur ignorance. De même, Nous avons enjolivé (aux yeux) de chaque communauté sa propre action. Ensuite, c’est vers leur Seigneur que sera leur retour; et Il les informera de ce qu’ils œuvraient » . ( 6 Al-Anam 20. )

  • Nous sommes aussi égaux sur l’inviolabilité de notre sang, nos richesses et notre honneur.
    Le messager d’Allah s a dit : « Vos sangs, vos fortunes et vos honneurs vous sont sacrés, comme la sacralité de ce jour-ci, ce mois-ci, et cette ville-ci. Que celui qui est présent en informe celui qui est absent, car il se peut que celui qui assiste à un fait le transmette à quelqu’un qui le comprenne mieux que lui » . ( Rapporté par Al-Boukhâri vol 1 p 469. )

  • Nous sommes tous égaux pour occuper les postes a responsabilité dans la société, suivant le mérite, l’aptitude et la capacité.
    Il est rapporté d’après Adiy Al-Kindi que le messager d’Allah s a dit : « Celui parmi vous qu’on emploie et qu’il subtilise (pendant son exercice) une aiguille ou plus, c’est un abus qu’il payera le Jour du jugement dernier. Un Noir que j’estime être un des Ançârs se leva et dit : Relève-moi de mes fonctions ô messager d’Allah s. Et qu’est-ce qui te fait dire cela, reprit le Messager s. J’ai suivi, répondit l’homme, ton propos. Et je dis à présent que celui que nous employons dans une fonction, qu’il acquitte le plus petit et le plus important de sa fonction, ce qu’on lui offre qu’il le reçoive, et ce qu’on lui interdit qu’il s’en éloigne » . ( Sahîhou ibn Hibbân vol 11 p 469. )

  • Nous sommes tous égaux sur l’utilisation des bienfaits qu’Allah a mis à notre disposition dans cet univers.
    Allah le Très-haut dit : « Ô gens ! De ce qui existe sur la terre, mangez le licite et le pur; ne suivez point les pas du Diable car il est vraiment pour vous, un ennemi déclaré » . ( 2 Al-Baqara 168. )

  • Nous sommes également tous égaux dans l’adoration d’Allah l’Unique sans associé.
    En effet, l’islam s’adresse à tous les êtres humains dans la diversité de leurs couleurs, leurs sexes et leurs origines.

    Allah le Très-haut dit : « Ô hommes ! Adorez votre Seigneur, qui vous a créés vous et ceux qui vous ont précédés. Ainsi atteindriez-vous à la piété » . ( 2 Al-Baqara 21. )

La législation de Muhammad s est venue éradiquer tout ce qui engendre le racisme ou en apporte une évocation. Il est rapporté qu’Abû Uqbah – esclave affranchi d’origine persane – a dit : « Je pris part à la bataille de Ouhoud en compagnie du messager d’Allah s, et alors que je frappai un mécréant je tins le propos suivant : reçois de moi ce coup, moi le perse. Le messager d’Allah s tourna le regard vers moi et dit : pourquoi n’as-tu pas parlé de recevoir ce coup de « moi l’Ançar » . ( Sunan Abû Daoud vol 4 p 332. )

Le messager d’Allah s l’a en effet exhorté à se dire issu des Ançars et préférait cela que de se dire issu des persans, bien que son appartenance à ces derniers soit vraie et qu’il ne soit pas en train de commettre un interdit en se disant issu d’eux. Cependant, le messager d’Allah s a dit cela dans le souci que l’alliance et le désaveu ne soient que pour la cause de la religion, et loin de toute cause nationaliste.

Le Noble Qur’an –cite le nom de Luqman le sage, l’esclave noir abyssin, à qui Allah accorda la sagesse, et au sujet de qui fut descendue une sourate entière faisant son éloge et présentant son mérite

Le critère en islam n’est pas la réputation et filiation. C’est ainsi que le messager d’Allah s a manifester son affection et son amour pour Souhaib le Romain et Bilal ibn Rabâh, ce qui l’a emmené à faire la déclaration suivante : « C’est un homme du Paradis ». Il avait également les mêmes sentiments pour Salman Al-Fârissi, d’origine perse, ce qui le poussa à faire la déclaration suivante : « Salman fait partie de nous autres, membres de la famille du Prophète s ».

À l’opposé, il n’éprouvait que de la haine, de la répugnance et de l’inimitié pour son oncle Abû Lahab au sujet de qui fut révélé une sourate du Qur’an qui sera lue jusqu’au jour de la résurrection, et dans laquelle il y a la menace d’un dur châtiment contre ce dernier. Allah le Très-haut dit :

« Que périssent les deux mains d’Abû-Lahab et que lui-même périsse. Sa fortune ne lui sert à rien, ni ce qu’il a acquis. Il sera brûlé dans un Feu plein de flammes » . ( 111 Al-Massad 1-3. )

Il ne faut pas ignorer que ce dernier est issu de la meilleure des descendances. C’est en effet un arabe qurayshite, et un des leaders de son peuple.

Le Noble Qur’an –première charte des musulmans- qui fut révélé à l’humanité tout entière –cite le nom de Luqman le sage, l’esclave noir abyssin, à qui Allah accorda la sagesse, et au sujet de qui fut descendue une sourate entière faisant son éloge et présentant son mérite, à côté de nombreuses sourates ayant pour titre les noms de certains messagers et prophètes d’Allah, des hommes véridiques et purs, comme par exemple les sourates : Noé, Abraham, la famille d’Imran, Marie, Joseph, Jonas, et Muhammad etc. Cette sourate est récitée matin et soir par les musulmans dans leurs prières, pour raffermir dans leurs cœurs le principe d’égalité entre tous les hommes, et afin qu’ils gardent ce principe toujours a l’esprit.

L’Abyssinie est une terre africaine et la majorité de sa population est constituée de Noirs. Le messager d’Allah s a enjoint à ses compagnons au début de sa mission, d’y émigrer lorsqu’ils furent victimes des persécutions perpétrées par les qurayshites et leurs alliés. Il leur informa qu’il s’y trouvait un roi auprès de qui nul n’était victime d’injustice.

Lorsque le Négus, roi d’Abyssinie, décéda, le messager d’Allah s fit la déclaration suivante : « Faites la prière mortuaire sur lui ». Ô messager d’Allah s s’exclamèrent-ils, allons-nous priez pour un esclave abyssin !? Le verset suivant fut révélé « Il y a certes, parmi les gens du Livre ceux qui croient en Allah et en ce qu’on a fait descendre vers vous et en ceux qu’on a fait descendre vers eux. Ils sont humbles envers Allah, et ne vendent point les versets d’Allah à vil prix » ( 3 Al-Imran 199. ) . Le messager d’Allah s dit : « Implorez le pardon pour votre frère » Il les mit en rang dans le lieu de prière et fit quatre takbîr. ( NDT : Il s’agit des quatre takbir de la prière mortuaire. )

L’exhortation a l’égalité prônée par l’islam ne fut pas un simple vœu, ni un simple discours que tenait le messager d’Allah s à son peuple, au contraire il la mit en pratique. Oussama ibn Zeid par exemple, bien qu’étant un esclave affranchi du messager d’Allah s et fils de son esclave affranchi, bien qu’ayant un teint très noir et un nez épaté, le messager d’Allah s le prenait lui et Hassan fils de sa fille Fatima dans ses bras et disait : « Ô Allah aime-les car moi je les aime tous les deux » . ( Rapporté par Al-Boukhari. )

Mieux encore, le Prophète s a eu une fois à retarder, à cause de Oussama, un acte en rapport avec l’adoration et les affaires des musulmans, c'est-à-dire le départ de Arafat pour Mouzdalifah. Un garçon noir au nez épaté arriva et les yéménites s’exclamèrent : « Est-ce donc à cause de lui que nous sommes assis ! Pour cette raison ils renoncèrent à l’islam, c'est-à-dire pendant la période dite d’apostasie ». Aicha la femme du messager d’Allah s dit : « Il ne convient à personne de détester Oussama depuis que j’ai entendu le messager d’Allah s dire : « Que celui qui aime Allah et Son Messager s aime Oussama ».

Qu’est-ce qui l’a poussé à faire cette déclaration ? C’est bien l’islam, cette religion qui a mis tous les hommes sur un même pied d’égalité, sans tenir compte de leur race ni de leur couleur

Le Prophète s faisait suivre la parole par l’acte. Aicha dit : « Le messager d’Allah s voulut nettoyer le nez d’Oussama, alors je lui dis : Laisse moi le faire ». Il répondit : « Ô Aicha aime-le car moi, je l’aime ».

Mieux que cela, le Prophète s fit de cet esclave Noir affranchi, le commandant des troupes musulmanes pour la conquête des romains, et le chef d’une armée dans laquelle figuraient de grands et nobles compagnons du Prophète s. Certains compagnons semblèrent trouver que c’était trop pour Oussama et firent des commentaires dans ce sens. Lorsque le Prophète s fut au courant, il monta sur sa chaire, loua Allah et fit Ses éloges puis dit :

« Si vous critiquez sa désignation à la tête de l’armée –c'est-à-dire la désignation d’Oussama- c’est que vous avez auparavant critiqué la responsabilisation de son père. J’en jure par Allah, son père était digne du commandement –c'est-à-dire Zeid ibn Hâritha père d’Oussama, c’est un des hommes que j’ai le plus estimés et son fils est un des hommes que j’estime le plus après lui » . ( Rapporté par Al-Boukhari et Mouslim. )

Le Prophète s mourut avant que l’armée d’Oussama ne prenne route pour conquérir les romains. Avant de mourir il disait : « Faites partir l’expédition d’Oussama, faites partir l’expédition d’Oussama ».

Abû Bakr devint calife après le messager d’Allah s, et prit la résolution d’exécuter le testament du Messager s, cependant Oumar ibn Khattab lui disait : Les Ançars optent pour que le commandement soit assuré par quelqu’un de plus avancé en âge que Oussama. Cette proposition énerva Abû Bakr qui fit la déclaration suivante : Que ta mère perde ses enfants ! ô Ibn Khattâb, le messager d’Allah s le nomme et toi tu m’ordonnes de le destituer, je jure par Celui qui tient mon âme entre Ses mains que contre vents et marées, je mettrai en route l’expédition d’Oussama ».

Le jeune commandant Noir sortit de Médine avec son armée, et Abû Bakr l’accompagna pour lui faire ses adieux. Et tandis qu’Oussama était à califourchon sur sa monture, Abû Bakr lui marchait à pied, tout près de lui. Oussama eut honte de cette situation, et dit à Abû Bakr : « Ô calife du Messager je jure par Allah que tu dois emprunter une monture, sinon je descend. Abû Bakr lui donna la réponse suivante : Je jure par Allah que tu ne dois pas descendre, et moi je n’emprunterai pas de monture, qu’il y a-t-il de mal à ce que je couvre mes pieds de poussière dans le sentier d’Allah durant un cours laps de temps.

Il demanda ensuite à Oussama la permission de garder Oumar ibn Khattâb à ses côtés à Médine afin qu’il l’assiste dans la gestion des affaires, montrant ainsi un bel exemple de demande de permission au commandant même si ce dernier était jeune.

Le Messager s commença à mettre en pratique le principe d’égalité sur sa propre personne. En effet, il était un homme issu de la meilleure descendance et du plus noble des clans ; sa tribu était la meilleure des tribus arabes et son rang était reconnu à l’unanimité, et malgré tout cela il avait l’habitude de dire :

«Ne m’adulez pas comme les chrétiens ont adulé Jésus fils de Marie. En vérité je ne suis qu’un esclave. Dites, -en parlant de moi- le serviteur d’Allah et son Messager » . ( Rapporté par Al-Boukhari. )

Mieux encore, le messager d’Allah s, malgré son rang important, sa bonne lignée et sa noblesse, donna sa cousine Zénab fille de Jahch en mariage à son esclave affranchi Zeid.

Le messager d’Allah s faisait tout son possible pour inculquer ces nobles principes de la législation islamique aux âmes de ses adeptes, et ce en s’enquérant de leur situation et en s’interrogeant sur leur état sans faire de distinction entre eux. Abû Bakr rapporte qu’un noir ou une noire était chargé de balayer la mosquée, et comme le Prophète s n’avait plus de ses nouvelles, il s’informa alors de lui ou d’elle. On lui répondit qu’il ou qu’elle était mort(e).

« Pourquoi ne m’avez vous pas informé de cela, s’exclama le Prophète s. On dirait que vous avez minimisé son cas. Conduisez-moi à sa tombe, reprit le Prophète s. Il s’y rendit et pria sur le défunt ou la défunte. En vérité ces tombes couvrent leurs habitants de ténèbres, et Allah en apporte la lumière par ma prière sur eux » . ( Rapporté par Al-Boukhari. )

Il préférait les autres à lui-même, par renoncement à ce bas monde, sans faire de discrimination dans ses donations sur la base de la couleur ou de la race. Hakîm ibn Hizâm a dit : Muhammad le Prophète s était l’homme que j’aimais le plus pendant la période antéislamique, lorsqu’il reçut le message prophétique et se rendit à Médine, Hakîm se rendit à la foire et trouva le vêtement de Dzi Yazan mis en vente au prix de cinquante dirhams. Il l’acheta pour l’offrir au messager d’Allah s. Il l’apporta auprès de lui et souhaita que ce dernier le prenne, mais le Prophète s refusa. Oubeidullah pense qu’il tint le propos suivant :

« Nous n’acceptons rien des mécréants. Mais si tu le veux, je vais le prendre moyennant un prix. Je lui vendis le vêtement qu’il porta à son retour à Médine. Je vis le vêtement sur lui du haut de la chaire, et en ce jour il n’y avait rien de plus beau que lui. Il offrit par la suite ce vêtement à Oussama ibn Zeid qui le porta à son tour. Hakim vit le vêtement sur ce dernier et dit : Tu oses porter le vêtement de Dzi Yazan ? Oui, répondit-il, car je suis meilleur que Dzi Yazan, et mon père lui aussi est meilleur que son père, et ma mère elle aussi est meilleure que sa mère» ( Al-Moustadrak Ala Sahihain vol 3 p 551. ).

Qu’est-ce qui l’a poussé à faire cette déclaration ? C’est bien l’islam, cette religion qui a mis tous les hommes sur un même pied d’égalité, sans tenir compte de leur race ni de leur couleur, et qui leur a donné leurs droits au nombre desquels figurent la liberté d’expression dont ils étaient privés avant l’avènement de l’islam.